4.12.06

Plus fort que le poinçonneur des Lilas, voici le poète de Convention...

Un soir d'avril 2005. Comme je vous l'ai narré dans une précédente histoire, je suis en stage à Paris. En ces derniers jours du mois, il me faut accomplir une lourde tâche que la plupart des parisiens maudissent... l'achat du coupon de la carte orange !
Après ma journée de travail à M6 (oui c'est juste pour me la péter, ca n'apporte rien au récit), je rentre en direction du 15ème et de mon cher métro Convention. Il y a du monde comme souvent mais malgré la foule, les rames sont d'un calme olympien, Ca vous donne des envies de sieste bercé par les secousses du train.

Deux changements de ligne et 45 minutes plus tard, me voici arrivée à bon port ou plutôt à bonne station. Il n'est pas très tard, j'ai le temps d'aller acheter mon coupon. C'est la cohue devant les deux guichets, après observation attentive, je choisis la file de gauche, mais je suis quasi sûre que celle de droite va se mettre à avancer plus vite désormais, c'ets toujours comme ça de toute façon... il doit bien y avoir 10 personnes devant moi. Encore endormie par le trajet, je n'arrête pas de bailler, le regard vitreux. Il ne manque que la marque du drap sur le visage pour compléter le tableau de la "tête dans le cul"...

La file se réduit petit à petit mais n'avance pas bien vite. La carte orange, c'est bien cher, alors généralement, à moins d'avoir dilapidé un distributeur ou une mémé, vous payez par carte, ca devient tout de suite longuet entre les femmes qui ne la retrouvent plus dans leur sac à main, car coincée entre leur gloss et leur téléphone, et ceux qui ont de soudain problèmes de mémoire "euh, c'est quoi mon code ?" . Si vous ajoutez les problèmes de lecture de puce, les problèmes de communication avec l'agent que vous avez souvent du mal à entendre derrière sa vitre et les étrangers qui ne savent pas où ils sont et où ils vont, vous êtes bloqué pour un moment, admirant les carreaux de faïence et regardant inlassablement la pub pour Léon de Bruxelles où les moules frites sont à volonté pour seulement 11,90 euros avec une boisson, mais attention car cette offre n'est valable que les midis et pas les week end... Quel escrot ce Léon !

Après de nombreuses minutes d'attente, c'est enfin mon tour ! Oh joie, bonheur, mais comme je l'avais prédit, le mec qui était dans la file de droite à ma hauteur est déja passé depuis 5 minutes...
Un peu exaspérée par l'attente, toujours pas vraiment réveillée, c'est avec toute ma "jovialité" que je demande au jeune agent " bonjour un coupon mensuel zone 1 et 2 s'il vous plait". Paré de son plus beau sourire et d'un ton suave (ambiance "je viens réparer la photocopieuse"), ce cher agent me répond "bonsoir mademoiselle, zone 1 et 2 c'est ça ?". Voilà, oui, c'est ça. Je lui tends bravement ma carte bancaire et il me dit que ca fera 100 euros et des broutilles. Quoi ??? Un prix pareil ça vous remet d'aplomb en deux secondes, parce que mon coupon il me coûte une cinquantaine d'euros, je trouve déjà ça cher alors si on en vient à doubler le prix, on va pas être copains !

Je lui dis que je crois qu'il ya un problème, que ce n'est pas ça le prix. Mort de rire, il me répond "Je voulais voir si vous suiviez". T'inquiète quand il est question de me faire payer, je suis !
Vient ensuite un palpitant dialogue pendant nos opérations de paiement :
" On sait jamais, ça aurait pu marcher !
- Oui, enfin pour faire du détournement à partir des cartes bancaires, faut commencer à s'y connaître...
- J'passe pas pour un malin alors ?
- En tout cas pour un escroc (comme Léon de Bruxelles soit dit en passant)
- Je m'en voudrais de ternir l'image de l'entreprise, et surtout que vous ayez une mauvaise opinion de moi, car vous savez..."

A ce moment là, il soulève son pull et sa cravate, je me demande ce qu'il fabrique, j'commence à me sentir un peu génée et là il clame :
"Sous la chemise RATP, il y a un coeur qui bat !"
Le collègue et le client du guichet de droite me regardent morts de rire. Je ne sais que répondre... Il poursuit en me disant : "Je m'appelle Walid, enchanté" et tout en me tendant mon coupon et en me rendant ma carte bleue qu'il a bien pris le temps d'observer, il ajoute : "ce fut un plaisir Aude, repassez quand vous voulez!"

Oui c'est ça, et on aura qu'à aller se faire un moules-frites chez Léon !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens, j'avais oublié cette histoire de coeur qui bat... Etant rester plus longtemps que toi sur Paris et prenant le même métro, jamais on m'a fait un coup comme ça ou du moins pas à Convention, c'étaient plutôt du genre vivement la fin que je me tire !!! Quelle chance tu as eut ....

Anonyme a dit…

Crois tu que tes jolis yeux soient responsable de la mise à nu des hommes qui passent près de toi???? Et puis comme la dit Walid, qui ne tente rien n'a rien...

Anonyme a dit…

Tout simplement hilarant ! Mais (comme je te le disais l'autre fois) tu as un aimant à cons ou c'est naturel???

Anonyme a dit…

Walid ?! ses parents sont des criminels...

Anonyme a dit…

Ah, en fait, si je dis ça, c'est parceque "walid" veut dire "tête à claques" en argo anglais... faut toujours se méfier des significations des prénoms dans les autres langues...(ex : fanny = kiki de fille en anglais...)

* Naude * a dit…

C'est vrai tu as raison Gaëlle, autant de jovialité c'est rare chez les agents, alors endons lui hommage !
Cher anonyme, je ne sais si ces comportements sont dus à mes yeux (qui sont en effet jolis) ou comme le suggère Emeline, à un éventuel aimant à cons qu'on a pu m'implanter lors d'une opération (surement lors de l'abalation de mes amygdales !
Enfin merci Marion pour cette minute culturelle. Je me trompe ou nos amis anglais adorent les sobriquets peu élogieux???