29.11.06

Train train quotidien : Le dimanche, c'est aussi le jour du Boulet !

Un dimanche matin d'avril 2004. Après avoir passé mon samedi soir à Tours, je rentre sur Bourges pour les vacances de Pâques. Dès mon arrivée à la gare, le ton est donné. Le TER Centre de 10h10 m'attend voie A. C'est ça mon train ??! J'ai déjà eu des trains pourris mais alors vraiment mon tacot bleu rouillé, il a l'air d'un winner. Je monte donc dans ce magnifique bijou ferroviaire, pose mon sac dans le "filet porte bagage"( en prenant garde de ne pas le mettre dans un de ses nombreux trous béants) et m'assois sur l'attrayante banquette. Je n'ai plus qu'à patienter avant que le train parte. J'ai donc tout loisir de contempler les rideaux "orange passé", l'imitation cuir des sièges élimés, le nombre de chewing-gum collés et de charmantes inscriptions gravées sur les fenêtres qui passeront sans doute à la postérité : "T.. fils de p***" "45 en force" etc...

10h10, les portes se ferment, nous partons
. J'entends la voix de la contrôleuse dans le Mic' (enfin l'espèce de téléphone) qui annonce :
"mesdames, messieurs la sncf xxccccttrrrrzzzzzzzrrrrrxxxxxxcccrrr destination xxxxcccrrrrrrrrrttttttzzzzzzzzzzz gares de xxxxwwwwccccrrrrrrrrrrxxxxcccc agréable voyage !" C'est peut-être aussi bien qu'on ne comprenne pas grand chose parce que vu le nombre de gares c'est déprimant !
Dans mon wagon, il ya un peu de monde (on est au moins 4!), enfin en même temps ya pas non plus énormément de sièges , c'est un train pour les mini pouces ! A St Pierre nous faisons "le plein" d'une quasi demi-douzaine de voyageurs (j'aime ce mot c'est plus impressionnant que de dire 5...) mais je réussis à conserver l'exclusivité de mon box.

Quelques minutes plus tard, une étrange odeur vient troubler mon nez. Le jeune homme près de la porte semble avoir allumé une "cigarette qui fait rire" sauf qu'il n'a pas l'air spécialement joyeux. Il a le regard fixé face à lui (c'est-à-dire vers moi) du type "vache qui regarde un train". Il me ferait limite flipper le bougre ! Je prends l'option "oh le joli paysage" et contemple avec grand intérêt les champs voisins.
Je ne vais pas le supporter trop longtemps, nous voici arrivés à Montrichard, c'est là qu'il descend, on ne se dit pas au revoir, au diable les convenances !!!
Le voyage continue dans le calme jusqu'à ce que nous atteignons St Aignan (Notez avec quelle précision vous pouvez suivre mon trajet...).

Une jeune femme grimpe dans mon wagon et vient s'asseoir en face de moi (arff...). A peine repartis, son portable se met à sonner. "Ouais c'est qui ?" aboie-t-elle au correspondant, une fille apparemment vu les cris aigus que je perçois.
La conversation se poursuit. Ce n'est jamais très agréable de vous retrouver dans les histoires des autres mais encore moins lorsque la protagoniste a un curieux accent, un melting pot original entre le québecois, le chti et le manouche...

Elle explique à la fille (d'après ce que je comprends) "qu'a s'est gourrée d'train et qu'a doit r'touner d'où qu'al té pour pend l'bon mais qu'du coup qu'ça fé qu'a s'ra pas a l'heure à la fête, et qu'ça la gave grave vu qu'a vient qu'pour cte put*** de fête à Paname"
Effectivement ça a l'air ennuyeux... Elle raccroche et me regarde genre "tu m'écoutes c'est ça ?" mais finalement je me dis qu'elle doit chercher la compassion à sa malheureuse situation.
Un peu plus tard, le téléphone resonne, elle répond mais visiblement l'interlocuteur a changé et ça ne la rend pas du tout joyeuse...
"D'où qu'tu m'tel toi, ouais j'va à la fête et j'fais c'que j'veux, m'en fous qu't y va, t pas mon fiancé, t a rien à dire"
blablabla du mec, il a l'air d'être énervé, elle reprend :
"Ben t'inquiète, ra à fout' moi, tu veu jouer, t'inquiète tu vas voir, ouais tu vas êt' choqué, ouais choqué, jte dis, par comment j'va êt habillé, com j'veux, ca va t'choquer et tu vas voir les mecs, pasque t pas mon fiancé."
L'ex fiancé ou celui qui voudrait l'être va encore rappeler plusieurs fois mais elle lui raccrochera au nez. Non mais !
Arrivés à Vierzon, la belle descend pour choper un train pour "Paname".

Ce train du dimanche matin, c'est vraiment le ravissement. En plus de côtoyer des voyageurs de qualité, vous pouvez admirer la gare de Vierzon dans votre train pourri pendant les 10 magnifiques minutes d'arrêt...
Peut être est-ce dû à l'attractivité vierzonnaise, mais en tout cas le train s'est littéralement vidé. Nous ne sommes plus que 2 dans le wagon mais bientôt rejointes par un nouvel ami. Il s'assoit mais semble impatient de partir. Il demande à la contrôleuse "si on se barre bientôt"... Il a l'air charmant.
Ca y est c'est la dernière étape. Nous repartons direction Bourges. Le trajet se passe silencieusement jusqu' à l'approche du terminus. Car à cinq minutes de l'arrivée en passant dans la ville de St Doulchard, notre vierzonnais est soudain pris d'une envie irrésistible de chanter et clame haut et fort :
"St Dou dou St Dou dou, St Doulchard c'est mieux que St Gégé St Gégé St Germain"
Bon s'il le dit, moi jv'eux bien !!!

Le train ralentit à l'approche du quai. Les portes s'ouvrent sur Bourges, ce qui met notre chanteur dans tous ses états. En descendant du train il hurle :
"Bourges ville de vieux, ville de cons, Bourges c'est une ville de retraités !"
Et comme un coup de grâce, il termine en disant "Bourges, c'est une ville de merde !"
Touchant, touchant, surtout pour quelqu'un qui habite une ville aussi animée que Vierzon...

"Bourges ici Bourges terminus du train. La SNCF espère que vous avez effectué un agréable voyage"...
Parfait c'était vraiment parfait...

25.11.06

L'ân(e)imateur

Samedi 24 mai 2003. Pour la deuxième année consécutive, je vais travailler au centre de loisirs de ma commune pour les vacances d'été.
C'est aujourd'hui, lors de la première réunion de préparation que je vais connaître mon groupe d'âge et mon ou ma collègue pour le mois. Joyeuse et innocente, j'arrive à la réunion et observe l'équipe. Je dis bonjour aux visages connus lorsque je reconnais un gars qui était au centre avec moi quand j'étais enfant. Tout le monde le connaissait à cette époque car il s'illustrait régulièrement en débilités et bétises de tout genre. Des scènes du passé me reviennent soudain en tête, je le revois, avalant un camembert entier (oui c'est impressionnant), racontant des blagues aussi pourries les unes que les autres... Que d' heureux souvenirs !

Et merde, il m'a vu. Il s'approche de moi, vient me faire la bise et me dit, "Ah j'savais pas que tu faisais le centre." Moi non plus je savais pas qu'il était "animateur". Je me dis qu'avec un peu de chance, on va pas travailler le même mois et que du coup on se croisera qu'aux réunions. Hélàs mon espoir ne va être que de courte durée quand il me dit "J'bosse en août, et toi t'es quel mois ?" Je pense qu'à ce moment là, j'ai dû passer par toutes les couleurs en comprenant qu'on se verrait quasiment tous les jours pendant un mois.

Nous voilà prêts à entendre le verdict. La messe étant dite pour l'équipe de juillet, le directeur commence l'énumération pour août. Ayant fait les Grands l'année précédente, j'imagine retrouver plus ou moins ce groupe.
"Pour le groupe des Petits (6-7 ans), on a pensé à Aude..."
Dotée d'un esprit d'analyse aiguisé, il ne me faut que quelques centièmes de secondes pour me dire que si le groupe des Petits est un groupe relativement facile à gérer et que si on me donne ce groupe, c'est certainement pour que je puisse former un collègue qui n'a pas trop l'habitude...
"... Et avec Aude, on a pensé à Autiste "
(NDLR : Nom d'emprunt. Ce sobriquet, trouvé par des amis, n'est en aucun une atteinte aux gens souffrant de cette maladie, mais un simple jeu de mots pour protéger l'anonymat de mon boulet)
Oh mon Dieu, c'est horrible je vais devoir travailler avec lui. Ca veut dire passer 10 heures par jour en sa compagnie. En plus, il a vraiment une tête qui vous fait froid dans le dos... Ce type c'est une masse, je suis sûre qu'il peut me broyer juste avec une main (vous pouvez admirer sa carrure sur la photo ci contre !!!)

Dans l'assemblée les gens me regardent avec compassion (genre Oh ma pauvre..) mais je vois surtout qu'ils sont soulagés pour eux et quitte à choisir, ils pérfèrent que ce soit moi ! grrrhh !
Plus tard, je me retrouve en tête à tête avec Autiste pour préparer notre mois. Il n'a pas le BAFA, n'est pas non plus en train de le passer, il n' a pas vraiment d'expérience avec les enfants, pas vraiment de boulot tout court... Il est juste là parce qu'on lui donne "sa chance". Ah ça, je ne peux pas dire le contraire, il est motivé, gonflé à bloc... mais pour les bonnes initiatives faudra repasser.
Usant de mes talents de pédagogue, j'essaye de lui expliquer comment fonctionne l'animation, comment je travaille, comment il faut intégrer les besoins des enfants dans ses activités, etc, etc... il boit mes paroles mais j'ai bien peur que ça ne percute pas jusqu'en haut...
La réunion s'achève, donnez moi une corde que j'en finisse !!!

Lors de la deuxième réunion, je retrouve avec une joie non dissimulée mon charmant collègue qui, alors que je suis à peine arrivée, me "saute" littéralemement dessus pour me montrer ses agrafes à la tête : "eh regarde, t'as vu comme j'me suis amoché hihihi regarde, tu les vois hein tu les vois mes agrafes ???" Et oui le malheureux a chuté dans son escalier...
Pendant qu'il admire les dessins des enfants, regarde ses pieds, ajuste son bandage, mange, boit, prend son portable, etc, etc... ; nous (enfin "je") choisissons les activités. Au moins c'qui est bien avec lui, c'est qu'il est pas contraignant. Tout lui va, et puis comme il a pas mieux à proposer, tant pis si ça lui plait pas.
En temps et en heure nos activités sont bouclées mais un constat accablant s'impose. Le mois d'aôut, ca va pas être des vacances pour tout le monde!

Juste avant le début de notre folle aventure aoûtienne, nous nous donnons rendez vous pour tester les activités, c'est à dire vérifier qu'elles sont faisables par un enfant de 6-7 ans, ou par Autiste. Je lui explique qu'il devra savoir remontrer les étapes, aider les enfants, qu'il faut réfléchir à l'avance au matériel. Il me répond "Ouais faut trop penser, quoi". Voilà c'est ça. Je souris à cette intervention pertinente, fatale erreur... Autiste me regarde et me dit :
"Ah j'aime bien quand tu souris, c'est vrai, t'es pas moche quand même !" Me voilà rhabillée pour l'hiver, sachez que je ne suis pas moche ! Ca c'est fort (de roquefort, comme il dirait...)Je ne lui ai pas retourné le compliment.

Ca y est le mois d'aôut est là. Je suis psychologiquement blindée, prête à subir des blagues douteuses, des compliments déguisés... Mais que cela va être éprouvant ! Aôut 2003, souvenez vous, c'est la canicule... Il fait une chaleur horrible, nous sommes cloitrés dans une salle sans clim. Je vais subir pendant quasiment un mois la sudation intense de mon cher collègue qui rappelez vous a une carrure impressionnante et n'a certainement pas compris tous les bienfaits que pouvait lui apporter un déodorant !
Je crois que le pire à supporter durant ce mois aura été la seule chanson qu'il a fait chanter aux enfants tous les jours, tel un hymne à sa gloire. Chanson débile qui vous donne des envies de meurtre et vous fait dire "Mais pourquoiiiiiiiiiiiiiiii" !
Oui c'est affligeant, votre collègue de 21 ans qui ne travaillait pas avant août, a donc eu tout loisir de regarder les programmes jeunesse, d'apprendre ces paroles au sens profond et dans un grand élan de générosité vous gratifier de ce magnifique : "Je te fais pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet en chaussettes" et puis vous avez les fabuleuses variantes, "en basket" "en survet" j'en passe et des meilleures.
Imaginez comme il est devient délicat pour l'animatrice de faire taire la meute de bambins qui hurle "pouet pouet" à longueur de journée entraînée par votre couillon de collègue, le même qui s'amuse à la cantine, à jeter ses pommes noisettes et les rattraper dans sa bouche...

J'ai terminé le mois sur les rotules mais fière d'avoir survécu à la tornade Autiste. J'ai souvent imaginé lui chanter cette petite ritournelle :
Je te fais pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet dans la tête,
pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet, une bonne tapette
pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet pouet, pouet pouet, à coups de claquettes !!

En cadeau Bonus, retrouvez la chanson préférée d'Autiste !

22.11.06

Il court, il court le furet...

Un début de soirée de décembre 2004. J'habite en cité U à Tours, 9m2 de bonheur au 3ème sans ascenseur, avec vue imprenable sur le cimetière à deux pas de l'IUT. Comme tous les soirs, je passe voir une de mes très bonnes copines berruyères, elle aussi à la résidence 3 étages plus bas. Et oui, à force, comme un vieux couple, on a nos petits rituels : on se raconte nos journées, on regarde la télé et on mange ensemble. Bref, c'est un soir comme tous les autres après une journée on ne peut plus banale.

Après avoir vaillamment descendu la cinquantaine de marches qui séparent nos deux étages, me voici au rez-de chaussée. J'avance dans le couloir en direction de la porte de mon amie, l'avant dernière chambre tout au bout, lorsque j'aperçois dans la nuit, une silhouette par la baie vitrée de la porte de secours. Je crois d'abord qu'il s'agit d'un employé de la résidence qui teste les issues ou répare la porte. Je ne fais pas trop attention. Je continue à avancer dans le couloir lorsque la personne semble me faire des signes. J'me dis qu'il est vraiment abruti celui là, personne ne peut rentrer par les issues de secours. Je lui fais signe que ce n'est pas possible.
Me voilà quasiment arrivée devant la porte quand mon nouvel ami cogne contre le carreau... Et là, tout bascule !... Il a le regard bovin et la mine suspecte. Je ne saisis pas ce qu'il cherche à me faire comprendre.
Je frappe chez mon amie quand soudain, mon oeil est attiré plus bas. Il effectue une étrange danse, les mains baissées et... oh mon dieu, il a la tuyauterie à l'air... Le geste est précis et sans ambiguïté... Ce jeune homme en k-way bleu marine et jean est en train de se "soulager" devant moi. Au vu des mes précédentes aventures, (Le petit robinet et d'autres que je vous raconterai bientôt), je me dis que je dois être une espèce d'icône pour les exhibis de France et de Navarre...

Pendant que mon brave Matelot tente de hisser la grand voile en se frottant joyeusement contre la baie vitrée, la porte de mon amie quant à elle, tarde à s'ouvrir. Je refrappe vigoureusement et elle finit enfin par me faire rentrer. Les yeux ronds comme des billes je lui dis qu'il vient de m'arriver une histoire "cocasse" et elle me demande :
"est-ce qu'il y a toujours un gars posté devant la porte de secours ? il avait l'air bizarre"...
Je lui réponds qu'il n'avait pas que l'air et qu'il est plutôt en forme... L'air aterré elle me répond, "me dis pas que ... il s'est ..." Elle a compris, alors morte de rire, je lui rejoue la scène du "musicien et ses grelots"...
Un peu plus tard dans la soirée, nous attendons d'entendre du bruit dans le couloir pour ressortir de la chambre, pour aller manger dans la mienne (Oui la cuisine de mon étage est plus accueillante). Pas d'exhibi en vue...
Nous allons signaler la présence étrangère à l'accueil et le veilleur nous dit que si cela se reproduit, il faudra revenir le signaler. Ok Roger, on fera ça !
Je raccompagne mon amie à sa chambre en fin de soirée, nous constatons de la lumière dans l'escalier de secours... Personne ne traîne jamais dans cette escalier... C'est sûr le "Furet" n'est pas loin, il rôde devant les étages et court dès qu'il voit de la lumière dans un couloir...
Mais il n'a pas dû nous voir, alors vite chacune rentre chez soi !

Le lendemain vers la même heure, j'avance à pas de loups dans le couloir du rez de chaussée en espérant que le Furet ne sera pas là, parce que bon d'accord je veux bien être sympa mais y a des limites à l'amitié !!! Arrivée chez mon amie, je ne constate pas la présence du joyeux drille. En entendant rentrer des voisines de mon amie, nous sortons leur raconter cette rencontre et leur dire de tendre l'oeil. Nous discutons dans le couloir quand la lumière s'allume dans l'escalier... Et tout à coup je vois une tête apparaître sur le côté de la baie vitrée : "Il est là, regardez" dis je en le pointant du doigt telle Julie Lescaut au coeur d'une filature. Branle bas de combat ! Nous allons prévenir l'accueil. Ils appellent les flics. La directrice de la résidence vient nous demander officiellement de rester dans le couloir "pour l'appâter". Super, je me demande jusqu'où devra aller notre dévouement !
Hélàs, le Furet n'est pas d'humeur badine (en même temps par ce froid, je consens qu'il ait du mal à exposer le matos) et a fui laissant repartir les policiers bredouille.

Le manège va durer comme ça plusieurs jours. Pour ma part je ne le recroise pas mais constate la lumière dans l'escalier à plusieurs reprises. D'autres filles l'aperçoivent mais apparemment il a troqué son costume d'exhibi contre celui de simple rôdeur (à croire que c'était une faveur spéciale pour moi...). L'italien de mon étage lui courra après, les flics iront jusqu'à se planquer dans les buissons mais rien à faire il court, il court le furet...
Puis ce sont les vacances de Noël. Le manque d'effectifs féminins à la résidence durant cette période aura sans doute eu raison de l'animal et l'aura définitivement découragé, car après la rentrée, nous ne l'avons pas revu.

Sacré Furet, il est passé par ici, mais l'histoire ne dit pas, si depuis, il est repassé par là !!!

18.11.06

L'homme qui aurait pu être Sam...

Jeudi 29 juillet 2004. Prématurément rentrée de vacances suite à la désormais célèbre "Perte du sac" , je dois refaire mes papiers. L'étape la plus urgente est la préfecture pour mon permis de conduire puisque je commence à travailler dès le lundi suivant et que les horaires d'ouverture ne me laissent pas de grandes possibilités...

Vous ne le savez peut-être pas si vous n'avez jamais eu à refaire votre permis, mais pour une fois j'ai trouvé qu'une administration était efficace! Je me suis rendue à la préfecture le matin, j'ai récupéré les papiers à remplir et la liste des justificatifs et je pouvais obtenir mon duplicata sur place en rendant le dossier l'après midi. Plutôt rapide, non !

En ce tout début d'après midi, j'étais donc à la préfecture pour la deuxième fois de la journée mais joyeuse en me disant que je n'aurais pas à revenir. Bien évidemment je n'étais pas la seule et le hall d'accueil était plein. Je prends mon petit ticket, constate qu'il n'y a pas trop de personnes devant moi et vais m'asseoir. Pour la place, je n'ai pas l'embarras du choix...
La seule qui me tend les bras (ou plutôt les accoudoirs...) est un siège bleu au confort sommaire à côté d'un jeune homme étranger, un grand black plutôt baraqué.

Je prends place et me mets en mode veille en attendant mon tour. Mon voisin se tourne vers moi et me dis "Bonjour". C'est vrai je n'ai pas été très polie, je lui réponds donc et reprends aussitôt mon mutisme. Mais je sens bien que le jeune homme veut engager la conversation, vous savez, quand les gens se tournent vers vous risquant le torticolis en vous regardant avec insistance afin que vous perceviez leurs efforts pour communiquer avec vous...
Impossible de l'éviter, il se penche au dessous de moi pour regarder mon numéro de ticket et me dit :
"Vous avez la chance madémouaselle, c'est bientôt vous alors que pou moua, à mon guichet ya plouss monde. Vous vénez pou quoi ?"
J'ai pas spécialement envie de déblatérer mais là il me semble difficile de faire comme si je l'avais pas entendu... alors je lui explique que j'ai perdu mes papiers et que je viens pour mon permis. Je le vois fort attristé de ma mésaventure.
Je me dis que maintenant c'est bon, qu'on a bien discuté mais je vois bien qu'il n'attend qu'une chose, c'est que j lui dise "et vous ?" Sauf que j'ai pas envie de lui demander.. Il ne se laisse pas démonter, s'affranchit de ma demande et m'explique spontanément:
"Moi c'est pou la cate dé séjou, pasque jé soui pas fançais".
Peu inspirée, je me contente d'un "Ah d'accord" ... Voilà, voilà...

Je jette un coup d'oeil un dossier, pour donner l'illusion que je suis occupée. Sauvée par le Bip ! C'est mon tour, je ne mets pas longtemps à bondir de mon siège et atteindre le guichet.
Je rends le dossier, la fonctionnaire le vérifie me fait signer un papier et me dit que je n'ai plus qu'à me rasseoir et qu'on me rappelera d'ici un quart d'heure pour récupérer mon permis.
Et mince, va falloir que j'attende, personne m'a piqué ma place, je peux pas m'asseoir ailleurs... Mon étranger est toujours là, je pourrais peut être attendre dehors mais il fait une chaleur à crever et que si jamais on me rappelle quand je suis pas là je vais devoir attendre encore plus...

Je me rassois donc. Il ne faut pas plus de deux minutes au jeune homme pour reprendre la conversation :
"Alors c'est bon pou lé permis, vous allé pouvoi lé répasser ?"
Ah il a rien compris au système français. Me voilà partie à lui expliquer, qu'ils vont m'en faire un nouveau mais qu'il y a pas besoin de le repasser parce qu'ils le savent déjà a la préfecture que je l'ai mon permis !!
Je suis un peu affligée de cette conversation mais heureusement, pour la seconde fois je vais être sauvée par le Bip !!!
Mon jeune homme s'excuse et me dit que c'est son tour, il doit y aller. Pas de problème me dis-je, va et ne te retourne pas !

Je savoure ce moment de solitude et attends patiemment qu'on me délivre ce fameux duplicata. Après quelques minutes, on m'appelle. Chouette, c'est la délivrance !!!
On me donne mon joli papier rose, je suis en train de le ranger dans ma pochette spéciale administrations (tout le monde a toujours une pochette a la main dans ce genre d'endroits) et m'apprête à passer la première porte (celle que vous pouvez voir sur la photo) quand je vois une grande silhouette me passer devant...

C'est mon voisin de siège qui d'un mouvement de bras saisit la porte et m'escorte en me disant "Après vous". Il court pour se remettre à mon niveau. Nous sommes côte à côte, tels Sam et un invité stressé de l'émission de Bataille et Fontaine... Il se jette pour me tenir la deuxième porte (cf photo témoin!). Je me retourne vers les gens assis dans l'entrée qui observent joyeusement le manège de mon portier. La honte !
Nous sommes dehors, j'espère retrouver la liberté, commence à tourner les talons quand mon cher Sam me demande :
"Alors c'est bon, tout est ouéglé. Vous pouvez venir pendre un verre avec moi"
(Ah la poisse... faut que je m'en débarasse...)
"Euh non je ne peux pas"
"Mais c'est bon mainténant qué c'est réfé, vou avez lé temps"


"Ben non, je dois allez refaire faire ma carte d'identité, vous êtes bien placé pour savoir, les papiers ca attend pas..."

15.11.06

L'erreur est humaine.. celle ci s'appelle "Grosbras" !

Un samedi de juin 2005. Ce soir là je suis de sortie avec une copine. On ne sort jamais à deux d'habitude, mais les autres n'ayant pas voulu venir on s'est dit que c'était pas une raison pour que nous ne fassions rien. Nous voilà en boîte.

Même à deux, on se marre bien. La musique est pas mal, enfin un temps... car vient le moment de la techno à outrance et des remix à 2 balles qui font danser les mecs bourrés. Tant qu'à faire autant s'asseoir parce qu'il y en a pour des plombes, les cons en redemandent.

Nous trouvons donc refuge sur un coin de banquette après autorisation donnée par la tablée présente. Et ce qui est bien quand tu es deux filles au milieu d'une bande de gars avec une bouteille, c'est que sans rien que tu fasses, on vient t'offrir un verre, parfois même plusieurs. C'est qui se passe. Au bout de deux minutes, un des gars nous dit "allez les filles vous allez bien trinquer avec nous !". Mais comme on est des filles bien élevées, on refuse d'abord, mais ils insistent "bon alors va pour un coca on va pas squatter leur bouteille quand même, mais vraiment ils veulent.. bon ben s'ils insistent alors, on va pas les contrarier !
Le verre plein, il faut bien engager la conversation, oui parce qu'en plus d'être des filles bien élevées, on est aussi des filles sociables...

Et blablabla en dix minutes on a fait le tour des prénoms, (quasiment aussi vite oubliés pour la plupart ), des études ou des métiers (provoquant presque l'admiration en nous entendant parler Droit et Management de l'information...), des situations de famille (Machin c'est le cousin de Truc ) des p'tites hontes (Bidule il arrive pas à "serrer")... Bref, on est tous copains comme cochons !
Est-ce l'euphorie du moment, la "lourdeur" du célibat, l'envie de voir de nouvelles têtes mais sans crier gare je me rapproche du jeune homme à côté de moi... L'erreur pointe son nez mais je ne la vois pas venir... C'est vrai ce garçon est gentil, il s'intéresse à ce que je raconte, me complimente, je le trouve pas mal.
Après moult conversation et la soirée s 'achevant, on échange nos numéros et on en vient à s'embrasser... Oh j'ai vraiment été très "free" sur ce coup là...

Nous sommes dehors et je commence déjà à regretter... Il me paraît déjà moins séduisant, on a l'air de deux cons et je ne peux m'empêcher de regarder ses bras qui sont... énormes voire même démesurés par rapport au reste de son corps. Ca ne m'avait pas choqué de prime abord, mais là quand même c'est impressionant...
Je tente de me rassurer auprès de mon amie qui soit dit en passant a conclu elle aussi avec un "gars de la bande à Grosbras ", mais je ne suis pas convaincue...

Le lendemain, Grosbras me demande si on peut se voir. Je ne veux pas m'arrêter à la première impression , alors j'accepte et puis en plus c'ets de ma faute, j'avais qu'à pas me "jeter", j'assume! On part se balader en ville, j'vois bien qu'on a pas énormément de choses à se dire alors j'embraye sur des sujets bateaux. On touche le fond quand il commence à me détailler fièrement les installations électriques des magasins qu'il a réalisées "Tu vois là c'était trop chaud, parce que on avait pas le temps et ya fallu tout refaire avec du cablâge machin..." Si j'avais su, j'lui aurais donné rencard avec mon père !
De retour chez moi, j'me dis que vraiment c'était pas une bonne idée... et je reçois un texto me remerciant pour cette super soirée et me disant qu'il vait hâte de me revoir... (pas autant que moi...). J'suis pas une mauvaise fille, j'peux pas le casser comme ça, il est gentil, il m'a pas forcée... Pas facile d'avoir une conscience !

Deux jours plus tard, je suis à Tours pour passer ma soutenance de DUT. Ca fait une bonne excuse pour être occupée. Mais même quand on se voit pas, il me harcèle de textos pour rien me dire du genre "J'suis à la muscu, j'sais pas à quelle heure je rentre pour pouvoir t'appeler". Mais qu'il vive sa vie, j'ai pas besoin de tout savoir !!!
Le jour de la soutenance alors qu'on se connait depuis quatre jours il m'écrit: "J'ai confiance en toi, bébé, je sais que tu vas réussir"
Oh mon dieu, c'est pire que ce que je croyais... il en fait vraiment trop, me voilà affublée d'un "bébé". Va vraiment falloir qu'on discute...

A mon retour on se revoit mais je gère pour qu'on se retrouve aussi avec mon amie et son copain rencontré le même jour. Je me fais assez distante histoire qu'il voit que je ne partage pas son enthousiasme mais ça ne le choque pas trop. Je veux trouver un moyen de mettre fin à cette "histoire" mais comme il est gentil je veux pas le bazarder comme ça sachant qu'on ne s'est pas vu beaucoup...
Mais je me dis qu'il devient vraiment urgent de trouver une solution lorsque je l'emmène à la fête foraine avec mes amis et que j'ai plus que honte de le voir dans les manèges bouger ses (gros) bras et crier comme un beauf...
Finalement, le plus simple serait que ça vienne de lui, parce qu'autrement j'ai peur qu'il vive mal la fin vu comme il est déjà à fond...

Je dois partir peu de temps après en vacances chez une copine pour quelques jours. J'ai prétexté des occupations pour ne pas le voir pendant quelques temps. La veille, je lui propose de le voir mais ayant dû être un peu vexé que je le passe au second plan, il ne répond pas. Chouette me dis-je ! C'est le début de la fin. Je mets au point un stratagème bien mesquin ! Je vais être un peu fourbe mais c'est pour la bonne cause et surtout pour pas le blesser. Je laisse un message sur son répondeur en lui disant que "vraiment il abuse, je fais ce que je peux pour arriver à le voir avant de partir et lui il répond même pas, ca me soule".
Pas de nouvelles, je me dis que ça sent bon... mais plus tard dans la soirée il m'envoie un message en me disant " je suis désolé Puce excuse de m'avoir emporté" (je l'excuse pas non plus pour cette construction de phrase douteuse...)
Je lui réponds que je vais réfléchir et qu'on en parlera à mon retour de vacances.

Mon petit séjour se passe nickel. En rentrant je lui envoie un message pour lui dire qu'on peut se voir pour discuter (ce sera l'occas de lui dire que je veux pas continuer...) Il me répond pas. Alors un peu plus tard, je laisse un message sur son répondeur en lui disant que "puisqu'il veut pas qu'on discute je considère que c'est fini mais que c'est dommage qu'on ne s'explique pas". Pas de réponse.
J'avais réussi, Grosbras c'était fini !!! Vous vous dîtes que j'ai été un peu fourbe avec ce pauvre garçon ? Et bien sachez que le plus fourbe n'est pas celui qu'on croit, car finalement j'ai su qu'à peine après s'être excusé de "s'avoir emporté", Grosbras m'avait déjà remplacé et roucoulait avec une autre pendant que je cherchais à le préparer à la rupture !!!
Trois semaines plus tard, ils habitaient ensemble !

Epilogue : Grosbras était vraiment spécial... Quelques mois plus tard, il m'envoie un texto en me disant "salut ca va" . Moi, surprise, je lui réponds que oui, déblatère un peu sur les études, la vie à tours et lui demande "et toi" ???
"Oui ca va."
Voilà c'est tout... et ben ça valait le coup de prendre des nouvelles ! Sacré Grosbras !

12.11.06

Ceci n'est pas une anecdote...

Cette chaîne inter blogueurs circule depuis un petit moment déjà. Fallait bien qu'elle arrive à moi... par l'intermédiaire d'Emeline (Ouais je balance !!). Alors oui, je vais répondre, considérez ceci comme une parenthèse, un petit répit dans les folles aventures de ma vie que vous pourrez suivre à nouveau très bientôt jeunes impatients !!!

1. Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne :
"7 1 5 9 6 4 2 3 8 " Mon bouquin le plus proche c'est Sudoku Pocket, tant pis pour la culture...
2. Sans vérifier, quelle heure est-il ? :
19h34
3. Vérifiez :
19h36 --> Oui j'avais regardé l'heure y a 5 minutes et j'ai un bon esprit de déduction...
4. Que portez-vous ? :
Jean et pull noir, l'anti conformisme absolu!
5. Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ? :
Stade 2, que voulez vous on est sportifs ou on l'est pas !
6. Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ? :
Les Eurythmics qui hurlent 18 fois en 3 minutes que"Everybody's looking for something" , c'est pas faux en même temps.
7. Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ? :
Tout à l'heure, j'ai organisé une après midi "surprise" dans un salon de thé pour l'anniversaire d'une copine qui nous bassinait avec ça depuis des lustres. Qui a dit que c'était un truc de vieux?
8. Avez-vous rêvé cette nuit ? :
J'ai rêvé que je loupais un train, à force de passer mes journées avec la SNCF en ce moment, ça me monte à la tête...
9. Quand avez-vous ri pour la dernière fois ? :
Mon dernier gros sourire, tout a l'heure quand on s'est arrêtées devant chez des gens et qu'on a fait croire à la copine dont c'est l'anniversaire (cf question 7) que la surprise l'attendait chez eux et qu'elle était prête à rentrer chez ces pauvres innocents...
10. Qu'y a t-il sur les murs de la pièce où vous êtes ? :
Des signes chinois qui veulent sûrement rien dire ou dont j'imagine qu'ils s'agit d'insultes écrites par un concepteur de papier peint peu scrupuleux, qui se marre bien en pensant que des centaines de gens ont leurs murs qui les emmerdent ou les traitent de cons .
11. Si vous deveniez millionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ? :
Un homme ! lol
12. Quel est le dernier film que vous avez vu ? :
"Président" c'est quand ça se finit que ça devient interessant...
13. Avez-vous quelque chose d'étrange aujourd'hui ? :
Un pied en berne, mais bon, depuis mardi.
14. Que pensez-vous de ce questionnaire ? :
Y a vraiment des gens qu'ont du temps à perdre !
15. Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore ? :
Les mecs sont fourbes. (Ah bon, vous saviez déjà ??)
16. Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ? :
Donnez moi d'abord le père.
17. Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ? :
Vous êtes sourds ou quoi !
18. Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ? :
Faut voir...
19. Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorque vous franchirez les portes du Paradis ? :
"J'ai bien ri en lisant ton blog".
20. Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ? :
J'abolirai la fourberie.
21. Aimez-vous dansez ? :
Vous avez pas vu mon déhanché ?
22. George Bush ? :
Un pléonasme pour con et américain ?
23. Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ? :
Stade 2, on est sportifs ou on l'est pas !
24. Quelles sont les quatre personnes qui doivent prendre le relais sur le blog ?
Personne. Ouh là là je brise la chaîne, que va t il se passer ??? Si je risque la malchance, bizarrement ça me fait pas peur !!!

8.11.06

Rencontre du troisième type

On est tous amenés dans notre vie à rencontrer des personnes un peu étranges... (bon je vous l'accorde, moi certainement plus que d'autres...). Le specimen en question dans cette histoire est une collègue de travail cotoyée lors de mon dernier stage...
J'étais arrivée depuis quelques jours et ne connaissais pas encore vraiment toutes les personnes de mon service. Certes mon chef m'avait fait faire le tour du propriétaire mais à force de poignées de main, je ne voyais plus forcément qui était qui.
Heureusement, il y avait l'intranet avec l'annuaire du personnel, idéal pour remettre un nom sur un visage, même si les photos avaient déjà quelques années... Les hommes s'étaient dégarnis, les femmes étaient passées du blond platine au roux ou avaient troqué leurs culs de bouteille contre des montures plus fun... Bref, j'avais bien envie de rire en voyant leurs trognes de l'époque...

Je parcourais donc le listing de mon service quand je constatai qu'une seule personne n'avait pas sa photo. Peut être n'était elle pas là le jour du cliché. Cette personne c'était "Rosie" (NDLR : Nom d'emprunt). J'avais pourtant dû la croiser mais vraiment je ne la remettais pas...
Histoire de remédier à cet état de fait, je notai le numéro de son bureau et allais voir par moi même. Une dame brune les cheveux attachés, avec un look un peu étrange genre je reviens de mon jogging, des associations de couleurs "personnelles" et surtout un accessoire collector : un sac banane... Elle avait déjà tout du personnage...
Elle était assise à son bureau, pendue au téléphone et hurlait à l'interlocuteur "Ca fait oune heure qué j'attends et qu'on mé balade dé nouméro en nouméro".
Comme vous l'aurez remarqué, Rosie a un charmant accent espagnol et semble dotée d'un fort caractère. Bon et bien je vais la laisser dans ce cas...

Quelques jours plus tard, je demandai à des collègues voisines proches du bureau de Rosie si elles la connaissaient bien. Elles m'expliquèrent qu'elle était bizarre, voire même frisant la folie parfois mais que bon de toute façon elle parlait pas à grand monde...
Je demandai alors comment se faisait il qu'elle n'avait pas sa photo sur l'intranet. Elles se regardèrent mortes de rire et l'une me dit :
"Ben en fait, elle a fait retiré sa photo, parce qu'elle croyait que quelqu'un faisait des incantations Voodoo et lui jetait le mauavais oeil"
Je crus à une blague mais constatais que non elles ne plaisantaient pas... Rosie était complètement jetée et la tendance allait se confirmer par la suite !


Le stage avançant, je côtoyais tout le monde. Rosie semblait bien m'aimer parce qu'étant bien élévée, sociable et voulant me faire bien voir, je partageais parfois avec elle quelques conversations du plus grand intérêt sur le temps (il fait beau, pas beau), les températures (fait chaud, pas chaud), la climatisation (trop forte, pas assez forte)... Bref, des conversations de fond qui font avancer les choses...
Je n'en demandais pas plus de toute façon, ça m'allait très bien comme ça. Un jour Rosie me parlait de fleurs qu'elle voyait sur le chemin pour venir au travail. Elle m'expliquait à telle point elle les trouvait belles et profondes comme une belle jeune fille ( j'aquiesçai en me demandant vraiment ce qu'elle me racontait...) mais le drame, Rosie ne trouvait pas le nom et n'arrivait pas à me faire comprendre de quelles fleurs il s'agissait... J'en étais désolée mais ne pouvais l'aider.
Au retour de la pause déjeuner, Rosie fit irruption dans le bureau brandissant un genre de chardon en me disant "tou vois c'est ça qué jé voulais té dire". Effectivement, c'était... profond.
"Tiens jé té la donne, tou pourras la mettre sour le bureau... Merci mais vraiment fallait pas...
Heureusement elle a fané le lendemain. "Oh quel dommage, je dois la jeter..."

Rosie était très proche de la nature. Je le constatais un autre jour.
Un soir alors que j'allais partir, elle m'appelle "Aude, viens voir". Je m'exécute. Et là je la vois touchant les feuilles des plantes d'une autre collègue (en arrêt maladie) et me dire :
"Tou vois et ben depouis qué c'est moi qui m'occoupe des fleurs de Marie et ben regarde là il ya des pousses, tou as vu un peu alors qu'avant elle était presque crevée et là elle revit"
Miracle ! Sainte Rosie avait sauvé la plante...
"Tou vois, et ben avant j'étais pas trop natoure, moi les plantes et les fleurs j'aimais pas trop et puis j'ai appris à les connaître et maintenant je m'en occoupe, je leur parle, jé leur dis qu'elles sont belles et jé crois qu'elles apprécient." Oui , oui c'est sûr
"Tou vois, Aude, il faut aimer la natoure comme les êtres houmains"
"Tou vois Aude..."

Oui cé qué jé vu sourtout c'est qué j'avais loupé mon bouss !!!!

4.11.06

Métro bobo boulot... ou comment démarrer sa journée sur les chapeaux de roue...

Un matin d'avril 2005 à Paris. Depuis quelques semaines, je suis en stage à M6 (oui M6 la télé, mais non je n'ai pas vraiment vu de stars sauf si on considère que Magloire ou Zuméo en sont...). Je me suis donc expatriée dans notre belle capitale pour deux mois.
J'ai élu domicile dans un foyer de bonnes soeurs du 15ème arrondissement. Vous vous dîtes "la pauvre... cloîtrée avec les nonnes..." Mais rassurez vous, la vie au foyer c'est plutôt sympa : quarante filles, heures de sortie libres, internet à disposition bref rien à voir avec l'image qu'on s'en fait !

Ce vendredi matin je ne suis pas très en avance, à force de me dire "encore 5 minutes dodo..." j'ai allègrement dépassé le quart d'heure et il est vraiment temps que je me secoue. Après une douche rapide, me voilà habillée et partie pour le p'tit déj. Mais évidemment quand on est pressé les éléments se déchaînent...
Plus de café... génial ! plus de lait non plus. Bon ben c'est parti pour un Nescafé. Quelques précieuses minutes perdues plus tard, j'engloutis ma tartine au beurre quand le drame se produit... Ma main un peu grasse tente de saisir la tasse, et là tout bascule, j'échappe la tasse qui vient se renverser sur moi. Mon jean est plein de café. GENIAL !!
Je me change en vitesse et regarde par la fenêtre, il pleut à plein temps, j'opte pour les baskets.

Ca y'est je pars enfin pour le boulot et me presse pour rejoindre le métro Convention en évitant de me faire éborgner par les baleines de parapluie de parisiens peu scrupuleux. Les couloirs du métro sont tout mouillés, mon bas de jean aussi. J'avance dans la station au milieu de la foule quand le deuxième drame se produit...
Mon pas est décidé mais hélàs plus pour longtemps. Un faux mouvement et mon pied glisse sur le sol mouillé. C'est indéniable je sens que je vais tomber... mais plutôt que de me ramasser tout de suite, je "slide" quelques secondes dans la station telle une surfeuse des neiges et vient terminer douleureusement ma course le cul par terre...
Je suis étalée au milieu du couloir comme une vieille loque, j'ai mal aux fesses et j'ai honte. Les gens me regardent avec dédain. Ils se fichent complètement du fait que je me suis peut-être fait mal. Non, ma présence encombre, je les gêne dans leur course et s'ils pouvaient ils me marcheraient dessus !!!
Outrée par cette non-assistance a personne mal barrée, dans un accès d'orgueil, je crie :
"Au cas où ça intéresserait quelqu'un, je vais bien !!!" Mais vraiment, ça n'intéresse personne. Dans les films y a toujours un charmant jeune homme sorti de nulle part qui vous aide à vous relever avec un grand sourire... Ben là que dalle, même pas un vieux.

Je me relève donc seule essayant de retrouver un semblant de dignité malgré mon coccys en berne. La honte, la honte, la honte... j'suis sûre que j'ai viré au coquelicot parce que même les gens qui ne m'ont pas vu tomber me regardent de travers : mon jean plutot clair est désormais mouillé et bien sale a certains endroits. Dois-je faire demi tour, accentuer mon retard, me changer encore une fois et risquer une nouvelle déconvenue ou accepter la fatalité, aller au boulot et prier pour que les tâches s'estompent en séchant ? Souhaitant me donner un côté héroïque, je décide d'assumer.
Je me fais toute petite dans le métro (j'assume mais pas trop quand même...), les gens ne font pas trop attention à moi et mon jean a le temps de sécher un peu pendant mes 45 minutes de trajet. Je suis contente de mon choix.

Je sors du métro et prends les escaliers quand je ressens une soudaine frilosité au niveau de la fesse droite. Et là, c'est l'apothéose : mon jean fragilisé lors de la chute vient de craquer à cet endroit stratégique. Un trou béant sous la fesse, manquait plus que ca !
Evidemment je n'avais pas de gilet à nouer autour de ma taille... alors toute la journée j'ai dû me balader à M6 la main sur la fesse, trop classe... mais à la cantine, histoire d'éviter tout dérapage de plateau, je me suis vue contrainte d'utiliser mes deux mains. J'ai amèrement regretté d'avoir voulu jouer à la fille "j'ai même pas honte" et de ne pas être retournée au foyer...

Mais vraiment en y repensant, je ne comprends pas pourquoi ce jour là, avec mon jean moulant, mouillé, customizé et élégament troué, je n'ai pas été repérée pour faire la météo...