29.11.06

Train train quotidien : Le dimanche, c'est aussi le jour du Boulet !

Un dimanche matin d'avril 2004. Après avoir passé mon samedi soir à Tours, je rentre sur Bourges pour les vacances de Pâques. Dès mon arrivée à la gare, le ton est donné. Le TER Centre de 10h10 m'attend voie A. C'est ça mon train ??! J'ai déjà eu des trains pourris mais alors vraiment mon tacot bleu rouillé, il a l'air d'un winner. Je monte donc dans ce magnifique bijou ferroviaire, pose mon sac dans le "filet porte bagage"( en prenant garde de ne pas le mettre dans un de ses nombreux trous béants) et m'assois sur l'attrayante banquette. Je n'ai plus qu'à patienter avant que le train parte. J'ai donc tout loisir de contempler les rideaux "orange passé", l'imitation cuir des sièges élimés, le nombre de chewing-gum collés et de charmantes inscriptions gravées sur les fenêtres qui passeront sans doute à la postérité : "T.. fils de p***" "45 en force" etc...

10h10, les portes se ferment, nous partons
. J'entends la voix de la contrôleuse dans le Mic' (enfin l'espèce de téléphone) qui annonce :
"mesdames, messieurs la sncf xxccccttrrrrzzzzzzzrrrrrxxxxxxcccrrr destination xxxxcccrrrrrrrrrttttttzzzzzzzzzzz gares de xxxxwwwwccccrrrrrrrrrrxxxxcccc agréable voyage !" C'est peut-être aussi bien qu'on ne comprenne pas grand chose parce que vu le nombre de gares c'est déprimant !
Dans mon wagon, il ya un peu de monde (on est au moins 4!), enfin en même temps ya pas non plus énormément de sièges , c'est un train pour les mini pouces ! A St Pierre nous faisons "le plein" d'une quasi demi-douzaine de voyageurs (j'aime ce mot c'est plus impressionnant que de dire 5...) mais je réussis à conserver l'exclusivité de mon box.

Quelques minutes plus tard, une étrange odeur vient troubler mon nez. Le jeune homme près de la porte semble avoir allumé une "cigarette qui fait rire" sauf qu'il n'a pas l'air spécialement joyeux. Il a le regard fixé face à lui (c'est-à-dire vers moi) du type "vache qui regarde un train". Il me ferait limite flipper le bougre ! Je prends l'option "oh le joli paysage" et contemple avec grand intérêt les champs voisins.
Je ne vais pas le supporter trop longtemps, nous voici arrivés à Montrichard, c'est là qu'il descend, on ne se dit pas au revoir, au diable les convenances !!!
Le voyage continue dans le calme jusqu'à ce que nous atteignons St Aignan (Notez avec quelle précision vous pouvez suivre mon trajet...).

Une jeune femme grimpe dans mon wagon et vient s'asseoir en face de moi (arff...). A peine repartis, son portable se met à sonner. "Ouais c'est qui ?" aboie-t-elle au correspondant, une fille apparemment vu les cris aigus que je perçois.
La conversation se poursuit. Ce n'est jamais très agréable de vous retrouver dans les histoires des autres mais encore moins lorsque la protagoniste a un curieux accent, un melting pot original entre le québecois, le chti et le manouche...

Elle explique à la fille (d'après ce que je comprends) "qu'a s'est gourrée d'train et qu'a doit r'touner d'où qu'al té pour pend l'bon mais qu'du coup qu'ça fé qu'a s'ra pas a l'heure à la fête, et qu'ça la gave grave vu qu'a vient qu'pour cte put*** de fête à Paname"
Effectivement ça a l'air ennuyeux... Elle raccroche et me regarde genre "tu m'écoutes c'est ça ?" mais finalement je me dis qu'elle doit chercher la compassion à sa malheureuse situation.
Un peu plus tard, le téléphone resonne, elle répond mais visiblement l'interlocuteur a changé et ça ne la rend pas du tout joyeuse...
"D'où qu'tu m'tel toi, ouais j'va à la fête et j'fais c'que j'veux, m'en fous qu't y va, t pas mon fiancé, t a rien à dire"
blablabla du mec, il a l'air d'être énervé, elle reprend :
"Ben t'inquiète, ra à fout' moi, tu veu jouer, t'inquiète tu vas voir, ouais tu vas êt' choqué, ouais choqué, jte dis, par comment j'va êt habillé, com j'veux, ca va t'choquer et tu vas voir les mecs, pasque t pas mon fiancé."
L'ex fiancé ou celui qui voudrait l'être va encore rappeler plusieurs fois mais elle lui raccrochera au nez. Non mais !
Arrivés à Vierzon, la belle descend pour choper un train pour "Paname".

Ce train du dimanche matin, c'est vraiment le ravissement. En plus de côtoyer des voyageurs de qualité, vous pouvez admirer la gare de Vierzon dans votre train pourri pendant les 10 magnifiques minutes d'arrêt...
Peut être est-ce dû à l'attractivité vierzonnaise, mais en tout cas le train s'est littéralement vidé. Nous ne sommes plus que 2 dans le wagon mais bientôt rejointes par un nouvel ami. Il s'assoit mais semble impatient de partir. Il demande à la contrôleuse "si on se barre bientôt"... Il a l'air charmant.
Ca y est c'est la dernière étape. Nous repartons direction Bourges. Le trajet se passe silencieusement jusqu' à l'approche du terminus. Car à cinq minutes de l'arrivée en passant dans la ville de St Doulchard, notre vierzonnais est soudain pris d'une envie irrésistible de chanter et clame haut et fort :
"St Dou dou St Dou dou, St Doulchard c'est mieux que St Gégé St Gégé St Germain"
Bon s'il le dit, moi jv'eux bien !!!

Le train ralentit à l'approche du quai. Les portes s'ouvrent sur Bourges, ce qui met notre chanteur dans tous ses états. En descendant du train il hurle :
"Bourges ville de vieux, ville de cons, Bourges c'est une ville de retraités !"
Et comme un coup de grâce, il termine en disant "Bourges, c'est une ville de merde !"
Touchant, touchant, surtout pour quelqu'un qui habite une ville aussi animée que Vierzon...

"Bourges ici Bourges terminus du train. La SNCF espère que vous avez effectué un agréable voyage"...
Parfait c'était vraiment parfait...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Décidément, tu les attirent vraiment tous et tous au même moment mdr !!!!

Anonyme a dit…

La Digne représentante de la Loi d'Emmerdement Maximum est parmi nous !

* Naude * a dit…

C'est grave docteur ? et surtout, ca se soigne ???

Anonyme a dit…

j'ai vraiment tort de ne jamais prendre le train !!!

* Naude * a dit…

Heureusement que jai une carte 12 25 car si on compte le prix de la psychanalyse ca fait cher le billet !