18.11.06

L'homme qui aurait pu être Sam...

Jeudi 29 juillet 2004. Prématurément rentrée de vacances suite à la désormais célèbre "Perte du sac" , je dois refaire mes papiers. L'étape la plus urgente est la préfecture pour mon permis de conduire puisque je commence à travailler dès le lundi suivant et que les horaires d'ouverture ne me laissent pas de grandes possibilités...

Vous ne le savez peut-être pas si vous n'avez jamais eu à refaire votre permis, mais pour une fois j'ai trouvé qu'une administration était efficace! Je me suis rendue à la préfecture le matin, j'ai récupéré les papiers à remplir et la liste des justificatifs et je pouvais obtenir mon duplicata sur place en rendant le dossier l'après midi. Plutôt rapide, non !

En ce tout début d'après midi, j'étais donc à la préfecture pour la deuxième fois de la journée mais joyeuse en me disant que je n'aurais pas à revenir. Bien évidemment je n'étais pas la seule et le hall d'accueil était plein. Je prends mon petit ticket, constate qu'il n'y a pas trop de personnes devant moi et vais m'asseoir. Pour la place, je n'ai pas l'embarras du choix...
La seule qui me tend les bras (ou plutôt les accoudoirs...) est un siège bleu au confort sommaire à côté d'un jeune homme étranger, un grand black plutôt baraqué.

Je prends place et me mets en mode veille en attendant mon tour. Mon voisin se tourne vers moi et me dis "Bonjour". C'est vrai je n'ai pas été très polie, je lui réponds donc et reprends aussitôt mon mutisme. Mais je sens bien que le jeune homme veut engager la conversation, vous savez, quand les gens se tournent vers vous risquant le torticolis en vous regardant avec insistance afin que vous perceviez leurs efforts pour communiquer avec vous...
Impossible de l'éviter, il se penche au dessous de moi pour regarder mon numéro de ticket et me dit :
"Vous avez la chance madémouaselle, c'est bientôt vous alors que pou moua, à mon guichet ya plouss monde. Vous vénez pou quoi ?"
J'ai pas spécialement envie de déblatérer mais là il me semble difficile de faire comme si je l'avais pas entendu... alors je lui explique que j'ai perdu mes papiers et que je viens pour mon permis. Je le vois fort attristé de ma mésaventure.
Je me dis que maintenant c'est bon, qu'on a bien discuté mais je vois bien qu'il n'attend qu'une chose, c'est que j lui dise "et vous ?" Sauf que j'ai pas envie de lui demander.. Il ne se laisse pas démonter, s'affranchit de ma demande et m'explique spontanément:
"Moi c'est pou la cate dé séjou, pasque jé soui pas fançais".
Peu inspirée, je me contente d'un "Ah d'accord" ... Voilà, voilà...

Je jette un coup d'oeil un dossier, pour donner l'illusion que je suis occupée. Sauvée par le Bip ! C'est mon tour, je ne mets pas longtemps à bondir de mon siège et atteindre le guichet.
Je rends le dossier, la fonctionnaire le vérifie me fait signer un papier et me dit que je n'ai plus qu'à me rasseoir et qu'on me rappelera d'ici un quart d'heure pour récupérer mon permis.
Et mince, va falloir que j'attende, personne m'a piqué ma place, je peux pas m'asseoir ailleurs... Mon étranger est toujours là, je pourrais peut être attendre dehors mais il fait une chaleur à crever et que si jamais on me rappelle quand je suis pas là je vais devoir attendre encore plus...

Je me rassois donc. Il ne faut pas plus de deux minutes au jeune homme pour reprendre la conversation :
"Alors c'est bon pou lé permis, vous allé pouvoi lé répasser ?"
Ah il a rien compris au système français. Me voilà partie à lui expliquer, qu'ils vont m'en faire un nouveau mais qu'il y a pas besoin de le repasser parce qu'ils le savent déjà a la préfecture que je l'ai mon permis !!
Je suis un peu affligée de cette conversation mais heureusement, pour la seconde fois je vais être sauvée par le Bip !!!
Mon jeune homme s'excuse et me dit que c'est son tour, il doit y aller. Pas de problème me dis-je, va et ne te retourne pas !

Je savoure ce moment de solitude et attends patiemment qu'on me délivre ce fameux duplicata. Après quelques minutes, on m'appelle. Chouette, c'est la délivrance !!!
On me donne mon joli papier rose, je suis en train de le ranger dans ma pochette spéciale administrations (tout le monde a toujours une pochette a la main dans ce genre d'endroits) et m'apprête à passer la première porte (celle que vous pouvez voir sur la photo) quand je vois une grande silhouette me passer devant...

C'est mon voisin de siège qui d'un mouvement de bras saisit la porte et m'escorte en me disant "Après vous". Il court pour se remettre à mon niveau. Nous sommes côte à côte, tels Sam et un invité stressé de l'émission de Bataille et Fontaine... Il se jette pour me tenir la deuxième porte (cf photo témoin!). Je me retourne vers les gens assis dans l'entrée qui observent joyeusement le manège de mon portier. La honte !
Nous sommes dehors, j'espère retrouver la liberté, commence à tourner les talons quand mon cher Sam me demande :
"Alors c'est bon, tout est ouéglé. Vous pouvez venir pendre un verre avec moi"
(Ah la poisse... faut que je m'en débarasse...)
"Euh non je ne peux pas"
"Mais c'est bon mainténant qué c'est réfé, vou avez lé temps"


"Ben non, je dois allez refaire faire ma carte d'identité, vous êtes bien placé pour savoir, les papiers ca attend pas..."

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je lis le titre puis commence la lecture, je ne voyais pas le rapport avec le célèbre Sam... Arrivée à la fin de l'aventure, je suis morte de rire ! Ah des pots de colle comme ça, ce n'est pourtant pas marrant sur le coup...
Arrivée en bas de l'article, je vois qu'il est classé dans "vie sociale" : j'adore le nom de la catégorie, ça veut tout dire !! :D

Anonyme a dit…

Bah pourquoi tu n'as pas été prendre un verre il avait l'air gentil ce monsieur

* Naude * a dit…

Et oui Adeline, j'ai souvent l'impression de faire du social... et cher Trungpa, ce monsieur était certainement très gentil mais malheureusement un peu lourd... Alors oui j'assume, je suis sans doute difficile !!!

Anonyme a dit…

Juste un petit com' déjà pour te remercier de celui que tu as laissé chez moi et surtout pour te dire bravo ! Tes petites anecdotes sont tout simplement agréables à lire, tu as une véritable plume ! Quel humour ! Et quel fou rire avec l'opération caca culotte ! :-)

* Naude * a dit…

Merci pour ces encouragements !! J'espère que la nouvelle anecdote te plaira...